Artiste Plasticien Martiniquais
CHARLEMAGNE PERALTE
Dans la nuit du 31 octobre au 1° novembre 1919 dans son repaire de Grande Rivière du Nord en Haïti, mourait Charlemagne Péralte, l’un des plus grands héros de la communauté Caribéenne.
Il fut le chef suprême de l’armée dite « des Cacos » composée de paysans fuyant l’armée américaine qui débarqua en Haïti en juillet 1915 et qui devait occuper le pays jusqu’en 1934.
En effet, profitant d’une de ces nombreuses périodes d’instabilité politique dont sont coutumiers nos frères haïtiens, le gouvernement américain de l’époque prit la décision d’un débarquement à Port au Prince afin de soumettre de force cette petite république indisciplinée et de lui imposer un traité par lequel les Etats Unis récupèreraient les douanes locales. Pour se faire rembourser disaient-ils de dettes contractées auprès de banques New Yorkaises .
Les élites haïtiennes de l’époque, dans leur majorité, capitulèrent très vite face à l’envahisseur et collaborèrent.
Charlemagne Péralte était alors un jeune et brillant préfet d’une trentaine d’années. Il refusa net de livrer sa province et préféra marronner.
Beaucoup de paysans le rejoignirent et constituèrent l’armée des Cacos qui harcela sans cesse l’envahisseur par d’audacieuses actions de guérilla. Ils étaient d’autant plus motivés que l’occupant avait exhumé une vieille disposition du code civil haïtien : la corvée ou travail forcé. Il l’appliquait sans faille au petit peuple.
Avec des machettes, des haches, des bambous acérés, quelques vieux fusils, les Cacos menèrent la vie dure aux troupes d’occupation et désorganisèrent tout le Nord d’Haïti.
De coups de mains en embuscades , les Cacos devinrent pour l’occupant un insupportable ennemi sans visage. On dirait, sans doute, dans le langage d’aujourd’hui qu’il s’agissait de « terroristes ».
C’est ainsi que les occupants désespérant de mettre la main sur Charlemagne Péralte, se firent aider d’un traître Haïtien du nom de Jean Baptiste Conzé. Ce dernier par ruse guida un commando de marines jusqu’au campement du Chef des Cacos.
Charlemagne Péralte fut abattu d’une rafale de fusil mitrailleur sans avoir eu le temps de se défendre.
Son corps fut ensuite exposé sur une place publique, accroché à une porte, dans un simulacre de crucifixion afin de terroriser la population.
Charlemagne Péralte perdit ainsi la vie et sa guerre dans la nuit noire de ce 31 octobre 1919, mais il devait entrer dans l’histoire et la légende de la communauté caribéenne.
Il fut le symbole de la résistance Haïtienne et de la détermination face à un ennemi aux forces disproportionnées.
Il fut la voix de ceux qui n’avaient pas de voix.
Il fut un exemple du courage universel.
L’histoire de cet homme qui fut l’un de nos grands héros du 20° siècle est méconnue, mais il n’est pas vain de considérer que Charlemagne Péralte le petit préfet Haïtien a , comme Jean Moulin, Géronimo, Toussaint Louverture, de Gaulle ou Che Guevarra, sa place au panthéon universel des Grands Hommes.